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Un bureau de vote en Irak
Les législatives irakiennes du 11 novembre se tiennent dans un climat d'abstention, de violence et de méfiance populaire. Moqtada al-Sadr boycotte un scrutin dominé par le Premier ministre sortant, Mohammad Chia al-Soudani. Entre l'Iran, Israël et Washington, Bagdad reste au cœur d'un jeu d'influences explosif.
À la veille des élections législatives du 11 novembre, l'Irak s'apprête à voter dans un climat de désenchantement et de méfiance. Quatre ans après la victoire du bloc de Moqtada al-Sadr, désormais retiré de la vie politique et appelant au boycott, le pays reste paralysé par la corruption et les rivalités internes au sein du camp chiite.
Le Cadre de coordination, dominé par des factions pro-iraniennes, apparaît profondément divisé, tandis que la participation s'annonce historiquement faible. Des analystes estiment que ce scrutin n'est pas un référendum sur le gouvernement, mais un moyen pour les élites de redistribuer les cartes entre elles.
Favori de cette élection, le Premier ministre sortant Mohammad Chia al-Soudani tente de capitaliser sur son image d'homme de compromis. Son parti, la Coalition pour la reconstruction et le développement, espère remporter soixante des 329 sièges, fort d'un bilan vanté comme « équilibré » entre Téhéran et Washington.
Pressions des puissances étrangères
Mais la réalité politique irakienne rend tout second mandat incertain : depuis 2005, aucun vainqueur des urnes n'a jamais réussi à redevenir Premier ministre sans d'interminables tractations entre blocs chiites, sunnites et kurdes.
Le scrutin est par ailleurs entaché par les disqualifications de centaines de candidats, les accusations de fraude et une recrudescence des violences politiques. Plusieurs attentats ont visé des candidats sunnites et chiites à Bagdad et à Bassora, sur fond de rumeurs de complot visant Moqtada al-Sadr. Le gouvernement a déployé un dispositif sécuritaire renforcé pour prévenir de nouveaux débordements.
Au-delà des enjeux internes, l'Irak se trouve pris entre trois influences rivales : celle de l'Iran, soucieuse de maintenir sa main sur les milices chiites ; celle d'Israël, inquiet d'un éventuel renforcement de ces mêmes forces ; et celle des États-Unis, qui appellent à « désarmer les milices pro-iraniennes ». Entre souveraineté nationale et pressions étrangères, le scrutin du 11 novembre pourrait difficilement dissiper l'incertitude politique qui pèse sur l'Irak.